C’est le coup de cœur “cinéma européen” de FrenchMania cet été ! Le film danois A Perfect Family raconte avec une infinie délicatesse la transition de genre d’un père de famille via le regard de ses deux filles. Malou Reymann, comédienne, a choisi pour son premier film en tant que réalisatrice de s’inspirer de son enfance et de cet événement qui a redessiné les contours de sa famille. Le film, à hauteur de pré-adolescente s’accroche au quotidien de cette famille pendant cette période de de transition sans jamais verser dans le sensationnalisme et en s’autorisant légèreté et humour. La réalisatrice s’est confiée à FrenchMania sur sa cinéphilie et, en particulier, ses relations avec le cinéma français.
« Deux de mes films préférés de tous les temps ? Certainement Kramer contre Kramer et La leçon de piano. Mais ma plus grande inspiration, ma référence absolue, c’est Bergman ! Mes films favoris sont Persona, Scènes de la vie conjugale, Fanny et Alexandre et Cris et chuchotements. J’aime aussi beaucoup le cinéma de Wim Wenders, j’ai vu Paris,Texas de nombreuses fois, et je suis sensible au travail d’un autre réalisateur allemand, Florent Henckel von Donnersmarck qui a fait La Vie des autres. Ce sont tous les deux des cinéastes très précis.
J’ai vécu en France enfant, entre mes 6 et 9 ans, et j’ai vu beaucoup de films à la télévision. Mais ce dont je me souviens, et c’est d’ailleurs resté l’une de mes plus grandes expériences de cinéma en salles, c’est d’avoir vu Un Indien dans la ville ! Je ne sais pas si le film me ferait la même impression aujourd’hui, et, clairement, ce n’est pas de l’art et essai, mais oui, Un Indien dans la ville reste un grand souvenir de cinéma ! Je suis repartie vivre au Danemark quand j’avais 9 ans et c’est ensuite que j’ai commencé à avoir une approche plus cinéphile, à m’intéresser de plus près au cinéma, à voir des films plus ambitieux. J’en louais certains en vidéo, notamment des films de la Nouvelle vague, des films de Godard, mais je pense que je n’étais pas tout à fait prête, c’était un peu trop tôt. C’est à 19 ans, quand je suis venue vivre un an à Paris, que j’ai vraiment pris du plaisir à découvrir tout ça. D’avoir la possibilité de voir des films anciens dans des salles parisiennes, c’était tout simplement merveilleux. J’ai notamment découvert Les 400 coups et cet acteur jeune et intense, Jean-Pierre Leaud. J’ai ensuite étudié la réalisation à Londres, et de nombreux films m’ont marquée durant cette période, comme La Haine de Mathieu Kassovitz. Ce film m’avait vraiment fait forte impression, de par sa vision très réaliste, la façon dont l’intrigue est conduite, par les sensations davantage que par des enjeux dramatiques. D’autres films, comme Amour de Michael Haneke ou Bleu de Kieslowski, m’ont aussi beaucoup impressionnée à cette époque.
Mais je ne veux pas oublier des réalisatrices que j’admire comme Céline Sciamma, dont j’adore le film Tomboy, ou Mia Hansen-Løve, J’ai vu Tout est pardonné, son premier long métrage, au cinéma quand je vivais à Paris, et ça m’a vraiment fait quelque chose de voir que quelqu’un comme moi, une femme, jeune, pouvait arriver à communiquer la manière dont elle voit le monde, à faire du cinéma. Pour ces mêmes raisons, je suis aussi extrêmement fan de réalisatrices comme Andrea Arnold, Lynne Ramsay, Jane Campion, Maren Ade et Lone Scherfig. Toutes m’ont rendu plus accessible le fait d’écrire et de réaliser. Pour mon prochain film – que j’écris actuellement -, je vais parler de ce qui s’est passé dans les années 30 au Danemark, les stérilisations forcées qui ont inspiré le régime nazi. Un film sur la condition féminine donc ».