Viser les étoiles
Le groupe OCS s’apprête à faire un grand pas en avant dans le monde de l’audiovisuel français avec Missions, sa première série de science-fiction qui se démarque déjà des standards du catalogue de la maison (majoritairement des comédies et dramédies). Tournée durant l’été 2016, entre Ouarzazate, au Maroc, et les studios de La Rochelle, il aura fallu attendre presque un an pour que soit enfin diffusée le 1er juin 2017 sur OCS City Missions (dont la simple annonce de sa production avait déjà suscité la curiosité). Difficile en effet de trouver plus audacieux dans le paysage audiovisuel français actuel qu’une série qui embarque spectateurs et protagonistes sur Mars. De mémoire, les derniers en France à avoir pris comme décors l’espace, étaient Les Nuls, sur le mode comique, avec leurs sketches d’Objectif Nul à la fin des années 1980 – à l’étranger, c’est une autre histoire. Autant dire que face à cela, Missions ne risque pas de craindre de la comparaison.
Dans un premier temps, la chaîne avait commandé une parodie du genre, au même titre que Lazy Company (parodie du film de guerre) ou Templeton (western). Mais assez vite, les créateurs Henri Debeurme (producteur), Julien Lacombe et Ami Cohen ont fait un autre choix : « Dès qu’on a commencé à vraiment écrire, on s’est rendu compte qu’on devait abandonner la comédie pour aller plus loin. On s’est finalement retrouvé autour d’une référence, Lost, pour tendre vers l’aventure » explique le co-scénariste Ami Cohen. Une aventure capable tout de même d’une certaine légèreté et de changements de ton, marques de fabrique d’Empreinte Digitale, la société de production derrière Lazy Company, mais surtout Les Grands et donc Missions.
Ainsi, durant dix épisodes de vingt-cinq minutes, la série suit un groupe d’astronautes en mission sur Mars. Rapidement, les protagonistes font face à tout un tas d’imprévus – dont la rencontre d’un astronaute russe supposé mort en 1967 (un rappel de l’accident de la capsule Soyouz qui coûta la vie, effectivement, à Vladimir Komarov). Ambiance film catastrophe d’abord, la série finit par assumer pleinement sa part fantastique. Puis, passé la moitié de la saison, c’est une visée écologiste qui se révèle subtilement. La série évoque notamment l’effondrement des civilisations – une des sources de Julien Lacombe est l’œuvre de Jared Diamond, Effondrement –, et s’inspire du mythe de l’Atlantide, songe aux origines de l’humanité. Mais elle se fonde également sur l’actualité. « On est tous en train de se poser des questions sur le futur, sur la Terre qu’on détruit… C’est ce qu’on retrouve dans Missions qui finalement est plus philosophique, portée sur l’humain, que théologique » selon Ami Cohen. Une approche qui se révèle particulièrement originale, rarement abordée au cinéma comme dans les séries, si ce n’est peut-être du côté de Ridley Scott…
Évidemment, monter une série en France avec l’ambition de prendre l’espace comme décors, n’est pas évident. L’idée est pourtant venue de Boris Duchenay, le directeur des programmes d’OCS, désireux de faire une série que personne n’osait faire. Un rappel, si nécessaire, de la volonté de créativité d’OCS depuis quelques années. La chaîne est désormais bien implantée dans l’univers des séries françaises, et cela même avec des budgets moins conséquents que d’autres chaînes : « Le budget total de Missions, c’est le prix d’un unitaire sur France 2, ou d’un épisode de Tunnel sur Canal + » remarque Jean-Toussaint Bernard, l’un des acteurs de la série.
« OCS a des conditions qui commencent à se connaître, avec Les Grands, Irresponsable, Lazy Company… On sait que ce n’est pas ce qu’il y a de plus valorisant en termes de salaire, mais ça nous attire, car la création est audacieuse » explique Mathias Mlekuz qui rempile ici avec OCS après Lazy Company et France Kbek. OCS et Empreinte Digital planchent déjà sur une saison 2 qui, on l’espère, pourrait voir le jour dès l’année 2018.
P.S
Créée par Julien Lacombe, Henri Debeurme et Ami Cohen. Avec Hélène Viviès, Clément Aubert, Mathias Mlekuz. Diffusée le 1 juin sur OCS City.