La guerre est déclarée
Si Stéphane Brizé sera de retour mardi en Compétition officielle à Cannes avec En Guerre, il est aussi question de lutte syndicale, et de lutte tout court, dans le second long métrage de Guillaume Senez, Nos Batailles. Présenté en séance spéciale à la Semaine de la Critique, le film développe deux motifs déjà présents dans Keeper le précédent film de son auteur, à savoir la paternité et le poids des responsabilités. Ici, la figure du père est celle d’Olivier , employé dans une usine de tri, et père d’Eliott et Rose. Un jour, sans mot ni préavis, sa femme Laura le quitte, lui laissant la charge des enfants. Confronté à sa solitude, épuisé par la cadence de son travail et débordé par le temps consacré à son engagement syndical, Olivier peine à rester à la surface. Il le sait, pour ne pas couler, il va devoir se battre, contre lui même et contre tout le reste. Finement écrit, bien rythmé, Nos Batailles retrace avec justesse le parcours du combattant d’un homme simple, emporté dans la tempête incessante de son quotidien. Peu de rôles ont permis à Romain Duris de déployer une telle énergie. C’est avec sobriété et vérité qu’il s’empare de ce personnage écartelé. Bien qu’éloignées de leur registre habituel, Laetitia Dosch et Laure Calamy apportent au film respiration et humanité. Moins impactant dans sa peinture de la violence sociale, Nos Batailles réussit à recréer la complexité des relations familiales, et surtout leur nécessité qu’il brandit comme un étendard. À ces batailles individuelles, Guillaume Senez apporte une réponse collective. À l’unisson.
Réalisé par Guillaume Senez. Avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure Calamy… Durée : 1H38. En salles le 3 octobre 2018. BELGIQUE.