Viande avec gras
La projection démarre sous les sifflets et les huées alors que s’affiche sur l’écran “Netflix”, le meilleur ennemi de ce Festival de Cannes. Mais ces mêmes sifflets et huées perdurent le premier quart d’heure. Pourquoi ? A cause d’un problème de ratio. La salle se rallume, les pouces se déchaînent sur twitter, et dix minutes plus tard, le film démarre à nouveau, au bon format cette fois-ci. Epique. Pas facile dans ces conditions d’entrer pleinement dans cette fable aux abords enfantins qui tape directement sur les dérives éthiques de la société de consommation. Dans Okja, il s’agit de viande qu’on cherche à vendre massivement et dont on cache la traçabilité, mais la métaphore du cinéma à l’ère Netflix n’est pas difficile à établir. Ca prête à sourire.
Pendant près de 10 ans, la jeune Mija s’est occupée d‘Okja, un porc pas comme les autres. Mais aujourd’hui, la patronne de la multinationale qui a donné naissance à cette créature génétiquement modifiée veut récupérer la marchandise pour en faire … des steaks ! A bas la conscience animale, bonjour le profit et les mains sales. Mija va alors risquer sa vie pour sauver Okja des griffes de la méchante Lucy Mirando (Tilda Swinton) et va vite être rejoint par un groupe de défense des animaux (dont le leader est joué par Paul Dano). A mi-chemin entre un manga et un film de Walt Disney, Okja remplit les conditions contractuelles du divertissement, pas de quoi fouetter un cochon donc. C’est davantage son sujet (la maltraitance animale, la malbouffe, les OGM, la politique capitaliste et impérialiste, les abattoirs, nouveaux camps d’extermination) qui l’emporte, au regard de l’actualité mondiale.
Mention spéciale à Jake Gyllenhaal, à tomber par terre dans le rôle du Dr Johnny, un animateur télé ringard, mégalomane et timbré. Un second rôle tragi-comique des plus savoureux. Il volerait presque la vedette à Okja…
Réalisé par Bong Joon Ho. Avec Tilda Swinton, Seo-Hyun Ahn, Jake Gyllenhaal, Paul Dano … Durée : 1H58. Disponible sur Netflix le 28 juin 2017.