C’est la série française feel-good de l’été. M6 programme depuis jeudi dernier Les Copains d’abord. Ces six épisodes consacrés à des familles amies qui décident de changer de vie pour construire une maison commune hors de Paris, arrivent à point nommé en cet été post-confinement propice aux « réinventions » en tous genres. La série, signée Edgard F. Grima et Jérôme Bruno, tranche par sa modernité, ses dialogues cash, ses galères en cascade, et, notamment, son traitement original d’une relation amoureuse inattendue entre deux hommes. Cheffe de bande du casting malin de cette comédie chorale, Olivia Côte, l’un des seconds rôles préférés des écrans français, est ici au premier plan, incarnant Julie, mère de famille grande gueule et idéaliste à laquelle elle insuffle la réelle modernité qui la caractérise. FrenchMania a parlé carrière et projets avec la comédienne qui se définit comme « pas snob » et pas « dans la norme » et, qui, enfant, qui se rêvait aventurière.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette série pour M6 ?
Olivia Côte : Avant toute chose, et avant même les sujets abordés par le scénario, j’ai ri à chaque page ! J’étais cueillie, il n’y a pas une page où je n’éclatais pas de rire. Je connaissais Edgard, l’un des auteurs, c’est une des personnes les plus drôles que j’ai rencontrées, il a un esprit incroyablement fin et vif. C’est un terme que je n’emploie jamais mais c’est un peu le roi de la « punchline ». Il a une intelligence folle et on est devenu très amis dans la vie. C’est avant tout l’humour, abrasif, qui m’a plu dans le projet. Je ne regarde pas la télé donc je suis tout à fait inculte en matière de séries même si j’ai vu Dix pour cent que j’aime beaucoup et que j’ai participé un peu à Scènes de ménage où le ton est aussi très vif.
Ce n’est peut-être pas la meilleure période pour diffuser une nouvelle série mais le sujet, lui, après cette période de confinement que nous avons vécue, est complètement dans l’air du temps…
Olivia Côte : On n’a pas compris ce que faisait M6 ! Ils ont peut-être eu pas mal d’échecs d’audience en fiction et peut-être que la chaîne est plus identifiée pour ses émissions de télé-réalité et ses émissions documentaires… Je ne sais pas. On a l’impression que c’est une espèce de sabotage, et on est un peu triste de cela. Ils ont pourtant fait de bonnes séries comme Quadras ou Le Grand bazar de Baya Kasmi… On a un peu l’impression d’être sacrifié. Mais c’est sûr que le sujet est d’actualité. Ma mère, avec qui j’ai vu la série, m’a dit « Mais c’est incroyable, c’est le sujet qui tombe à pic avec ce qu’on vit ! ». Moi-même, j’ai un projet avec deux amis qui est d’acheter un grand terrain pour y construire des cabanes en bois. Cette période est un accélérateur de particules, d’envies d’avoir une vie moins solitaire, moins âpre, loin des grandes villes.
Vous avez une énergie très singulière, une présence très forte, est-ce que vous avez identifié ce qui plaît aux réalisatrices et réalisateurs qui tournent avec vous ?
Olivia Côte : Merci ! Je ne me suis jamais posé la question ! C’est un métier où il est très dur de faire sa place, et j’ai l’impression d’avoir eu plus de râteaux que d’encouragements. Ce n’est pas du tout que je vois le verre à moitié vide mais dans mon analyse de l’histoire, je suis le second rôle, la meuf qu’on trouve sympa mais qu’on n’a pas forcément envie de voir une heure et demie à l’écran ! Pour le coup, je n’en souffre pas, j’ai 45 ans et je sais où j’en suis, je suis le « second rôle sympa ». Dans cette série, je partage le statut de premier rôle avec mes potes mais souvent, je suis dans les dernières listes. Ils hésitent toujours entre Camille Cottin, Laure Calamy et moi et, finalement, ils prennent Camille ou Laure ! Mais, étrangement, cela ne m’a jamais fait souffrir. J’aime créer des personnages, un peu comme une enfant, très dessinés, très différents de moi. Que ce soit dans Pupille ou dans Larguées, je n’ai pas forcément l’impression d’apporter une touche si personnelle à mes personnages… Mais en commençant dans le métier on m’a souvent dit que j’étais très particulière, on m’a fait des remarques de ouf sur mon physique, pas « t’es beaucoup trop vilaine pour être à l’image » mais pas loin ! J’ai eu beaucoup de critiques sur ma tête, sur ma voix. J’ai souvent entendu que j’étais très bizarre, donc « second rôle », c’est peut-être ma zone de confort ! Mais je pense que les critères évoluent, qu’on sort des standards.
Dans Antoinette dans les Cévennes, qui sort le 16 septembre prochain et qui sera sans doute la comédie de la rentrée, vous jouez aux côtés de Laure Calamy, qui a le rôle titre. C’est une partition courte et très difficile… Le personnage d’une femme trompée.
Olivia Côte : C’est une femme qui marque son territoire sans agressivité mais de façon ferme, et avec un peu de perversité, je l’avoue … J’adore ce film !
Pour le film suivant, La Fine fleur, vous partagez l’affiche avec Catherine Frot, quelques mots sur cette expérience ?
Olivia Côte : C’est un film de Pierre Pinaud qui avait réalisé Parlez-moi de vous avec Karin Viard, un film très délicat. Là, Catherine Frot est créatrice de roses et elle est un peu restée figée dans l’entreprise familiale, dans les années 60, elle est assez misanthrope et elle fait faillite. Je joue son bras droit, une polonaise un peu esclave ! C’était super, j’ai adoré cette femme. Elle est vraiment touchante, elle est pleine de doutes malgré son expérience, elle est sensible et vibrante.
Et là vous enchaînez les tournages depuis la reprise…
Olivia Côte : Je tourne la suite d’une série policière pour France 2 qui s’appelle César Wagner avec l’un des réalisateurs de Dix pour Cent Antoine Garceau. J’adore faire ça et ce mec est super ! J’aime bien faire des choses différentes pour des publics différents. On a réussi à créer un univers assez fort, avant de jouer une scène on se dit : alors là c’est Seven, là c’est Le Garçu de Pialat ! Mon personnage on le surnomme « British Airways », car il était écrit à la base comme une « croqueuse d’hommes », terme que je ne supporte plus. Un personnage un peu caricatural quoi. On en a fait une silhouette à la Katharine Hepburn avec longues jupes et petits hauts en soie, elle est très classe, et quand je perds ça, on me crie alors « British Airways », ou « Attention le hibou », parce que j’ai tendance parfois à ouvrir très grand les yeux ! Et, après, comme je ne suis pas du tout snob, je fais une série pour TF1 avec Julie De Bona que je trouve vraiment chouette et qui s’appelle Plan B, c’est l’adaptation d’une série québécoise un peu fantastique. Ensuite je fais une série avec Ramzy, Hors de lui qui est de l’ordre du génie ! Et je participe au prochain film de Christophe Barratier, Le Temps de Secrets. Un film en costumes.
Vous parvenez à aller dans tous les univers…
Olivia Côte : Je suis comme ça dans la vie, j’ai des amis d’univers très différents les uns des autres. La clé de ma personnalité, c’est mon père qui me l’a rappelée il y a peu. Je lui demandais si cela ne le dérangeait pas que je ne sois pas une femme « dans la norme », que je ne sois pas mariée, que je n’ai pas d’enfant, et il m’a dit que non parce que je faisais plein de choses qui m’intéressaient et que j’étais heureuse. Mais il s’est souvenu que, quand j’avais 5 ou 6 ans, et qu’on me demandait ce que je voulais faire dans la vie, alors que les petites filles répondaient spontanément institutrice, vétérinaire ou chanteuse, moi je disais aventurière ! Cela m’a un peu éclairé ! Donc, depuis toute petite, je pense que la vie est un champ d’exploration infinie !
Les Copains d’abord sur M6. Épisodes 1 et 2 disponibles en replay, épisodes 2 et 3 diffusés le jeudi 6 août à 21h, épisodes 5 et 6, diffusés le jeudi 13 août à 21h.