Espèces médusées
En salles le 2 septembre, un film “OVNI” : Poissonsexe, troisième long métrage d’Olivier Babinet. Son premier film était un road-movie avec Olivier Gourmet, son deuxième, un vibrant documentaire qui se déroulait au collège Claude Debussy d’Aulnay-sous-Bois, celui-ci se passe au bord de la mer, à Bellerose, drôle de station balnéaire. Le héros, c’est Daniel, interprété par Gustave Kervern, toujours émouvant. Un physicien célibataire inquiété par la baisse de libido des poissons. Ils ne copulent plus, comme Daniel, pourtant hanté par le désir d’être père. Le problème, c’est qu’à Bellerose, seulement trois femmes sont encore en âge de procréer, ce qui, selon les calculs de Daniel, correspondrait à une chance sur 6232,33 de rencontrer la mère de ses futurs enfants dans le coin. Malaise chez les mâles, frustrés donc. Sous ses allures défaites, on retrouve dans Poissonsexe les marqueurs classiques de la comédie romantique : deux cœurs à prendre, du désir, des obstacles, des transitions. Dans cette fable-là, Daniel, le morose, va rencontrer Lucie, jeune femme aux cheveux roses, attachant personnage, entre Clémentine d’Eternal Sunshine of The Spotless Mind et Lena de Punch Drunk Love, qui lit du Nietzsche pour s’endormir. India Hair, qui lui prête ses traits, est irrésistible, facétieuse, parfois formelle. Une héroïne aux reflets changeants qui, face aux imposants désirs des hommes, n’a pas peur d’affirmer les siens. Elle est le grain de sable indispensable à l’évolution du récit (de ré-apprentissage) et du regard que l’on porte sur ce film, “pour tous et pour personne”. C’est tout un univers que met en place Babinet, et cet univers, on a envie de l’embrasser, de l’aimer, même s’il est un peu bancal, tant dans la forme que dans le fond. L’expérience est cependant authentique, les interprètes sensibles, et les humeurs plurielles. De quoi séduire.
Réalisé par Olivier Babinet. Avec Gustave Kervern, India Hair, Alexis Manenti… Durée : 1H29. En salles le 2 septembre 2020. FRANCE – BELGIQUE.