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Pom Pom Boys de Pierre Chassagnieux

par | 12 Déc 2022 | SERIES, z - 1er carre droite

Décontraction et déconstruction

Une série sociétale revigorante qui contamine par son intelligence et saute de plein pied dans les combats du 21ème siècle. Salutaire.

Bienvenue dans un monde masculin où il est question de vernis à ongles, de pompons à paillettes, de bandeaux dans les cheveux et de mini short XS remonte moule-paquet. Bienvenue chez les Scrimmage People, groupe lillois de pom pom boys qui, comme les adolescentes américaines, distraient le public durant les mi-temps de matchs sportifs. Moins sylphides certes, mais pas moins sexy si l’on aime les corps généreux aux courbes alléchantes. Des garçons engagés qui ont décidé d’inverser les codes et ont choisi de promouvoir les sports féminins. Et pas n’importe quelle discipline, puisqu’ils sont les mascottes officielles d’une équipe féminine de derby roller baptisée “Baronnes von Schlass”. Déjà, rien que pour cela, on les adore !

Comme le dit si justement l’adage : mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver. C’est vrai qu’au début, on s’apprête à sourire bêtement en coin. Des mecs hétéros, homos, cisgenres, fluides, pères, mariés ou célibataires, qui lèvent la jambe, pas toujours avec souplesse, sur de la disco-queer, c’est inattendu. Limite saugrenu venant d’universitaires, web designers ou professeurs de cirque. Mais c’est justement pour contrer ces a priori et cette crasse bêtise que ces garçons militants ont décidé d’arborer le lycra au grand jour.

La série de Pierre Chassagnieux se fait l’écho d’une nouvelle masculinité, sans tabous, ni frontières genrées. Elle prouve que la testostérone ne rend pas con par principe. À la question série ou doc découpé en six épisodes, aucune hésitation : c’est bel et bien la première affirmation qui l’emporte. La structure narrative est formidablement élaborée, distillant ce qui fait le secret d’un bon feuilleton. Soient des rebondissements, des coups de théâtres, des personnages en pleine émancipation et surtout des “suites au prochain numéro”. Comme par exemple à la fin du troisième épisode où les pom pom boys se préparent à danser lors d’un match de rugby très hétéro-normé.

La mise en scène n’est jamais hasardeuse. Elle capte à la fois corps et paroles dans leur quête conjointe de libération. La caméra est complice, empathique (magnifique gros plans silencieux sur ces visages lumineux et apaisés) et gourmande d’instants cocasses. Comme celui où, de retour d’un spectacle dans une salle de fêtes, l’un de nos Scrimmage Boys déplore quelques commentaires désobligeants sur leur physique et sur le seyant approximatif de leurs tenues. Une plainte à laquelle sa compagne répond d’un air amusé « Tu viens juste de vivre cinq minutes dans la peau d’une femme ». Bien envoyé !

Diffusée sur 6play – Mini série, 4 x 30 min.

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