L’actrice est, aux côtés d’Anamaria Vartolomei et d’Arnaud Valois, au cœur du trio puissant de Méduse, premier long métrage de Sophie Levy en forme de huis-clos angoissant dans une villa moderne. Parisienne depuis quelques mois après plus de 12 ans passés à Hollywood, la comédienne qui a marqué de sa présence intense les univers de Catherine Breillat et de Gregg Araki évoque ce film et son retour en France…
Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet de huis-clos psychologique à trois personnages ?
Roxane Mesquida : Sophie Levy avait écrit un scénario que j’avais adoré il y a une dizaine d’années, une histoire de femmes et de famille que j’aimais vraiment. On s’était rencontrées et tout de suite très bien entendues. Pendant sa recherche de financement, elle réalisait des pubs et des clips et nous avons tourné quelques clips ensemble. J’aime son travail et la poésie qu’elle met dans ce qu’elle fait. Son premier projet de long métrage comportait beaucoup de personnages et avait du mal à être financé. Elle a donc écrit Méduse, un film plus simple et moins coûteux. Elle m’a envoyée le scénario qui m’a beaucoup plu. Mon envie c’est toujours de travailler avec quelqu’un et là, j’en avais vraiment envie. Et j’aime beaucoup les films autour de la thématique des sœurs : on peut toujours lier les personnages de sœurs en se disant que chacune est une représentation de ce que l’autre cache. Et j’aime les personnages qui sombrent dans la folie.
Et qui ne sont pas vraiment aimables…
Roxane Mesquida : Mais qui a envie de jouer des personnages aimables ? C’est tellement chiant ! Et, de toutes façons, on ne me propose jamais de personnages aimables parce que je ne suis pas blonde. La seule fois où j’ai interprété un personnage sympathique c’était dans Une vieille maîtresse mais Catherine Breillat a voulu que je sois blonde !
Après 13 ans à Los Angeles, aviez-vous peur de perdre votre relation avec le cinéma français ?
Roxane Mesquida : J’ai menti pendant pas mal de temps, en disant que je n’étais pas vraiment là-bas mais le problème avec la France, c’est que c’est souvent “loin des yeux, loin du cœur”. J’avais décidé de partir à Hollywood et on me disait « bonne chance » de loin ! Moi j’aime le cinéma français, il fait partie de moi. J’ai fait tout mon début de carrière en France avec Catherine Breillat notamment. J’ai essayé de maintenir le lien, de faire quelques projets pour rester connecter mais ce n’était pas facile parce que ça faisait un peu loin pour boire un café avec un réalisateur ! Il y a un côté très froid à Los Angeles depuis la covid, tout se fait en ligne, on ne rencontre plus personne, alors j’ai eu très envie de revenir. J’ai l’impression d’un retour à la vie. Méduse a été tourné juste avant le covid et a fait un grand tour des festivals avant de sortir aujourd’hui. La presse est bonne mais c’est un petit film pour lequel il faut se battre.
Comment s’est passé le tournage de ce huis-clos dans un lieu unique ?
Roxane Mesquida : Nous avons effectivement tourné uniquement dans le même endroit, la maison de ces deux sœurs, pendant 4 semaines. Mais j’ai perdu la notion du temps, j’ai cru que le tournage avait duré très peu de temps. J’étais très fatiguée, j’allaitais encore ma fille et j’avais l’impression d’être dans un rêve, c’était un peu hypnotique, sans repères. J’ai beaucoup utilisé ce que je vivais comme jeune mère, le fait de ne plus pouvoir faire ce qu’on veut, d’être pris par un être plus important que soi, dans la relation entre sœurs qui est au cœur du film. Ces nouvelles émotions correspondaient bien au personnage, cela a été un exutoire de ce que je traversais dans la vraie vie. Mais il y avait une ambiance très familiale sur le plateau, c’est le plaisir de travailler avec une petite équipe. Je venais juste de terminer le tournage de la série de Gregg Araki Now Apocalypse sur lequel on travaillait 15 heures par jour, où tout va très vite. Là, en huis-clos, avec pas mal d’attente entre les plans, c’était un peu étrange pour moi !
Avez-vous déjà des projets à venir ?
Roxane Mesquida : J’ai écrit un film que j’aimerais réaliser, je suis en plein dans les dossiers de recherches de financement avec mon producteur. J’espère pouvoir compter sur les structures du cinéma français mais je ne pourrai pas attendre des années et il est possible que je me lance finalement en mode indé avec un téléphone portable !