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Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde

par | 14 Déc 2022 | CINEMA, z - 2eme carre gauche

Toutes premières fois

En retrouvant la petite héroïne de Stella, désormais âgée de 17 ans, Sylvie Verheyde livre son film le plus emballant. Elle y célèbre avec une rare fraîcheur la liberté à vif de l’adolescence.

Tout y est dans cette chronique adolescente : le bac à passer, les premières amours, la rébellion contre les parents, les états d’âme virevoltants, les corps qui se cherchent, se testent et exultent dans l’obscurité dansante d’une boîte de nuit, l’amitié intensément partagée, trahie puis réconciliée, ou, tout simplement, l’envie d’ailleurs et de liberté. Tout y est… et pourtant Stella est amoureuse est l’un des films les moins clichés qui soit ! Sans doute parce que tout nous est donné à voir, ici, comme si c’était la première fois. Précisément, c’est la fraîcheur de ce regard – et la fluidité épatante de sa mise en scène – qui font du nouveau long métrage de Sylvie Verheyde l’un des plus emballants de sa filmographie. Retrouvant la jeune protagoniste prolo de Stella (2008), la cinéaste nous propulse cette fois dans le Paris de 1985, là-même où son héroïne mélancolique, âgée désormais de 17 ans, préfère danser, tomber amoureuse et s’étourdir dans les clubs plutôt que de réviser son bac ou de se projeter dans un avenir encore très flou. Nous voilà donc propulsés dans une épopée vibrante, qui distille une sensation de présent perpétuel tout le long. Raccord en tout point avec cette période mutante, un brin « autiste » et de toute façon fulgurante qu’est l’adolescence, hier comme aujourd’hui. De fait, s’il est un trait qui caractérise Stella est amoureuse, c’est bien sa justesse. Le tempo de son filmage comme de son montage, au plus près des corps, des sons et des émotions, épouse ainsi formidablement les flottements et les élans de Stella. Bien sûr, la B.O. du film, jalonnée de pop synthétique des années 80, donc de tubes intemporels, favorise cette proximité, donnant envie de danser avec elle ou de flotter dans sa bulle rêveuse. Et bien sûr, le charisme boudeur de Flavie Delangle fait merveille dans le rôle-titre (Marina Foïs, qui joue sa mère, patronne fragile d’un café endetté, est quant à elle prodigieuse de présence dans un rôle furtif). Reste que si ce film – et cette musicalité – réjouissent autant, c’est d’abord parce qu’il et elle donnent l’impression de plonger comme rarement dans la psyché intranquille, à vif, d’une ado. Une expérience qui, contre toute attente, se révèle des plus chaleureuses, Sylvie Verheyde observant avec tendresse son héroïne en devenir et, sans doute, la jeune fille qu’elle a été…

KMBO

Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde, avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay… Durée : 1h50. Sortie en salle le 14 décembre 2022.

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