Les bons films d’animation français pour adultes, ils se comptent sur les doigts d’une main. Et c’est justement une main, muette et animée, qui est l’héroïne de J’ai perdu mon corps, premier long métrage de Jérémy Clapin, salué depuis Cannes et sa sélection à la Semaine de la Critique partout où il passe, d’Annecy à Los-Angeles. Des festivals internationaux qui ont chargé de prix les bras de Jérémy Clapin. FrenchMania vous donne trois bonnes raisons d’aller découvrir en salles dès le 6 novembre J’ai perdu mon corps.
1 – Ni cartoon, ni manga
Exit les monstres à gros yeux, les adolescent.e.s kawaï et les objets qui parlent, Jérémy Clapin choisit de faire d’une main coupée à hauteur de poignet son héroïne, empruntée au roman de Guillaume Laurant (Happy Hand). Mais il n’oublie pas le reste du corps auquel cette main était attachée, celui d’une jeune homme casse-cou et rêveur emmêlé dans les fils de son propre destin. Le dessin, moderne, brut, est volontairement fait d’irrégularités, ce qui donne au film, en 2D et 3D, son caractère et son allure singulière. L’environnement sonore, lui aussi, participe de l’aventure, la musique – faite sur mesure – donne en effet une dimension supplémentaire à cette odyssée à hauteur d’homme et de main.
2 – Mélange des genres
Film fantastique, film romantique, fable sur le destin pensé comme un puzzle, voyage dans le temps, en couleur et en noir et blanc, J’ai perdu mon corps est tout à la fois. Un film d’animation poétique et épique, en milieu urbain (Paris pour décors) qui fait autant vibrer qu’un film d’action et émeut autant qu’un beau mélo. Le passage à l’âge adulte, le détachement avec l’enfance et les rêves qu’elle a suscités, les cicatrices et les coups du sort sont les thèmes nourriciers du film mais aussi ceux que convoque cette main coupée, foyer des souvenirs et des émotions.
3 – Incarnation
Une main comme guide donc – l’animation permettant de faire ressentir des émotions humaines à une main baladeuse et de nous les communiquer, en usant d’autres artifices que les artifices habituels pour lui prêter vie (point de vue, tenue, sens et sons). Et deux jeunes adultes, Naoufel et Gabrielle, qui cherchent la lumière, l’amour et le frisson. Les voix sont celles de Hakim Faris et Victoire Du Bois, mais ce sont également leur gestuelle et leur interprétation “physique” des personnages animés (les acteurs ont été filmés en situation) qui ont servi de patrons à ce duo parisien encapuchonné qui aime fréquenter les toits de la ville. Coup de foudre garanti. A ne surtout pas manquer en salles.
Réalisé par Jérémy Clapin. Avec les voix de Hakim Faris, Victoire Du Bois, Patrick d’Assumçao … Durée : 1H21. En salles le 6 novembre 2019. FRANCE.