Un conte de Noël
Sept ans après son premier long métrage Compte tes blessures – où il abordait l’impossible communication entre un père et son fils, chanteur de post-hardcore – Morgan Simon adopte le point de vue d’une mère (trop ?) aimante et protectrice dans Une vie rêvée. Titre ironique à l’ouverture du film puisque Nicole, femme de 50 ans (éblouissante Valeria Bruni Tedeschi) qui vit en cité HLM avec son fils Serge (Félix Lefèbvre), cumule les désagréments (dettes, confiscation de sa carte bancaire et de son chéquier) et ne trouve pas d’emploi. En prenant appui sur son vécu, s’inspirant de certains éléments autobiographiques le cinéaste dessine le portrait d’une héroïne du quotidien, d’une Gena Rowland française, femme sous influence de l’âpreté de la vie. Partant de la douleur sombre dans laquelle Nicole est enfermée comme elle l’est dans son appartement étouffant et le cadre de l’image, Morgan Simon lui offre progressivement espoir et lumière comme dans un conte de Noël. La coupure du cordon ombilical par le départ précipité du fils va permettre à Nicole de redevenir femme et non plus seulement la mère sacrificielle. De cette solitude nouvelle, elle va s’ouvrir au monde en bas de chez elle, celui du café de Norah (Lubna Azabal) où traine les jeunes du quartier. Cette rencontre avec Norah va profondément réveiller et libérer Nicole, l’emmener vers cette vie rêvée pleine de possibles. Portrait d’une femme, certes, mais aussi d’une actrice ! Une fois de plus, le réalisateur nous montre comme il regarde et dirige ses acteurs : avec amour et sensibilité et au plus proche de leurs émotions.
Réalisé par Morgan Simon. Avec Valeria Bruni Tedeschi, Félix Lefèbvre, Lubna Azabal… – France – Wild Bunch – 1h37 – En salles le 4 septembre 2024.