Valeria Golino : “A Cannes comme réalisatrice, à Venise en tant qu’actrice”
La plus internationale des actrices italiennes est de retour à Cannes (et à Un certain regard) comme réalisatrice cinq ans après la présentation de son premier film Miele. Avant de présenter son deuxième long métrage Euforia la semaine prochaine à Debussy, Valeria Golino nous a accordé quelques instants et quelques mots – en Français – lors de sa visite au Festival “Lovers” de Turin.
Propos recueillis par Franck Finance-Madureira
Pouvez-nous dire quelques mots d’Euforia ?
C’est un film sur deux frères qui se retrouvent, mais il y a quand même Jasmine Trinca, ma muse (actrice principale de Miele – Ndlr), à la fin du film. Elle est magnifique. Je ne peux pas trop parler du film mais il est inspiré d’événements qui sont arrivés dans la vie d’un de mes amis. Pendant que la vraie histoire se déroulait, je me disais qu’il y avait un film à faire en se concentrant sur l’être humain et sa peur grandissante de la mort, de la souffrance et comment il trouve les bonnes façons d’éviter cela.
Qu’est-ce que Cannes vous évoque ?
Le plus beau souvenir est très léger et très joyeux. C’est quand Respiro était à la Semaine de la Critique et a remporté le prix du meilleur film. C’était un moment plein de grâce. Cannes, c’est très souvent utile pour les films, pas toujours mais très souvent ! J’ai choisi d’aller à Cannes comme réalisatrice, même si j’ai une relation très proche avec Venise en tant qu’actrice. Cannes et Thierry Frémaux m’ont fait confiance pour mon premier film et c’était très important pour moi, donc je lui ai proposé celui-là en priorité. Et j’adore la sélection du Certain regard.
Beaucoup d’acteurs deviennent réalisateurs mais beaucoup moins d’actrices …
On fait sûrement moins confiance à une actrice qui veut réaliser son premier film ! On dit “Oui elle est intelligente, mais de là à faire un film” ! C’est comme ça depuis toujours mais c’est en train de changer ! Vraiment ! Cette affaire “me too” me créé beaucoup d’états d’âme et de pensées contradictoires. On va faire des erreurs mais c’est important d’en parler même si je suis un peu préoccupée par une espèce de réthorique de la victime. Je suis dans une association qui réfléchit sur la façon d’évoquer ces problèmes dans tous les milieux professionnels. Je ne suis pas toujours d’accord avec tout le monde mais il faut se faire son avis en conscience, en connaissance de cause.
Vous abordiez l’euthanasie avec Miele, les sujets de société ne vous font pas peur. Dans Euforia, l’homosexualité est évoquée, comment voyez-vous la situation des personnes LGBT+ en Italie ?
Je crois que les choses sont en train de changer, lentement car il y a énormément de préjugés. J’ai de nombreux amis homos qui ont des enfants ce qu’on imaginait même pas il y a 10 ans. C’était une utopie et maintenant cela existe. Il y a une vraie tendance au progrès. Je suis très optimiste !
Photo : Valeria Golino sur le plateau de Miele / Copyright Les Films des Tournelles