Après lui
1990. L’époque est sombre et tourmentée. Le sida s’abat sur Paris et sa jeunesse, l’hécatombe est en marche et personne n’est à l’abri de l’annonce d’une mort imminente. On ne parle pas encore de polyamour mais c’est ce qui s’impose à Emma et Sammy, jeunes parents du petit Nathan, lorsque Sammy rencontre Cyril.
Comment a-t-on réinventé l’amour en tentant de défier la mort ? En situant son récit du début au mitan des années 90, Gaël Morel raconte ces années complexes d’avant les trithérapies quand un sida « déclaré » annonçait une mort certaine et, possiblement, rapide. Au cœur de son récit : Emma, Sammy et Cyril, leurs amours, leurs désirs, leurs drames. Loin du film-thèse sur le VIH ou « les années sida », Gaël Morel explore les angles morts de la séropositivité pré et post-trithérapies dans ce mélodrame assumé et déchirant en trois actes : Comment aimer sans faire souffrir, comment faire famille hors des cadres moraux et légaux, comment survivre à ceux qui partent trop tôt, trop vite et, surtout, comment envisager un avenir et même un présent quand on s’est cru condamné.
Entre clins d’œil (les prénoms des deux garçons comme une réminiscence des Nuits fauves) et coups de griffe (une revisite salvatrice de la course parisienne sur le Modern Love de Bowie comme pour se réparer du problématique Mauvais sang de Carax) aux rares films évoquant le sida à l’époque, Morel construit un récit intime et puissant sans jamais renier l’idéalisme romantique qui nourrit son cinéma depuis toujours. Au cœur d’un casting référencé (apparitions joyeuses d’Elli Medeiros, d’Amanda Lear ou de Stéphane Rideau), Victor Belmondo et Théo Christine donnent corps à ce film personnel, sensuel et politique.