Sélectionner une page

Woman At War de Benedikt Erlingsson

par | 30 Juin 2018 | CINEMA

Artémis contre les pollueurs

Halla a les cheveux courts, la cinquantaine, et mène une double vie. Officiellement, elle est professeure de chant et sur liste d’attente depuis quelques années pour adopter un enfant (ce qui n’est pas qu’une anecdote dans le scénario). Officieusement, c’est une farouche militante écolo, en guerre contre un géant de l’aluminium qui souille les sols et dénature le paysage, ses terres islandaises bien-aimées, nues et sauvages. La tenue de combat de cette wonder woman là ? Un pull en laine et plusieurs paires de gants à multiples usages. Le choix de ses armes ?  Un arc et des flèches. Son surnom ? La femme des bois (formule des médias). Voilà le personnage, souvent accompagné dans ses opérations commando par un groupe de musiciens free-jazz qui lui fait la fanfare (coucou Kusturica). Le réalisateur islandais Benedikt Erlingsson adopte les contours de la fable bucolique pour mieux asseoir le portrait qu’il dessine de cette héroïne enragée et jusqu’au-boutiste campée par la merveilleuse Halldora Geirhardsdottir. Un ton roublard, une mise en scène méticuleuse – à l’image de la protagoniste -, un scénario habile, cousu main, et des émotions qui vous cueillent sans prévenir, il n’en faut pas plus pour prendre son pied. Plus équilibré, mieux écrit que le précédent (et premier) long métrage d’Erlingsson – Des chevaux et des hommes, drôle de films à sketchs qui mettait en scène les déboires d’un couple et sa jument -, Woman At War, sélectionné cette année à la Semaine de la Critique, s’impose déjà comme un classique du genre. Un anti-film de super-héros qui pourtant narre la force et la volonté d’une femme qui se lève contre tous, même les pylônes électriques, et lutte contre le côté obscur de la force. La revanche d’une quinqua, nouvelle Artémis, sur les cyniques et les industriels. Un chant d’amour à la nature, malin, épique et magique.

Réalisé par Benedikt Erlingsson. Avec Halldora Geirhardsdottir, Davíd Thór Jónsson, Magnús Trygvason … Durée : 1H41. En salles le 4 juillet 2018. COPRODUCTION FRANCE.

Pin It on Pinterest

Share This