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Petite fille de Sébastien Lifshitz

par | 26 Nov 2020 | CINEMA, z - 1er carre droite

Pour Sasha

En octobre dernier, Sébastien Lifshitz nous offrait Adolescentes, ambitieux documentaire dont l’action se déroulait à Brives, sur cinq ans. A peine le temps de se remettre de nos émotions qu’Arte diffuse le 2 décembre Petite fille, portrait de Sasha, 8 ans, qui aime danser, sauter à la corde, faire des bulles; une enfant comme les autres qui n’a pourtant pas une enfance comme les autres. Car Sasha est une petite fille née dans le mauvais corps, prisonnière de son enveloppe de petit garçon, et si ses parents sont tout amour, à l’écoute de ses souffrances, à l’école, Sasha est isolée, harcelée, incomprise. A coup sûr, le coeur se brise. Lifshitz, dont toute l’œuvre s’articule autour des questions du genre, des identités, et des luttes gay et féministes, place ici sa caméra à hauteur du combat qui se joue, contre l’éducation nationale, contre la société dans son ensemble, qui ne voit qu’un monde à deux faces. La caméra est à hauteur des doutes aussi, de Sasha, qui ne comprend pas le rejet qu’elle suscite, et de sa mère, terrifiée à l’idée de mal faire. Avoir désiré une fille pendant sa grossesse, cela peut-il avoir eu une quelque incidence ? La réponse est non, évidemment, et à plusieurs endroits du documentaire, une pédopsychiatre intervient pour défaire les idées reçues et les nœuds à l’estomac que se font mère et fille. Gorgé de lumière, ce récit, audible de tous, carbure à l’espoir, et c’est salutaire. Jamais le documentaire n’est affecté, jamais il n’est donneur de leçon. Il y a dans le cinéma de Lifshitz une constante : la justesse de son regard. Dans son œil se trouve la beauté, la grâce. Et Sasha est pleine de grâce et d’éclat. Saluons également le travail de Paul Guilhaume, chef opérateur, qui pour la deuxième fois collabore avec le cinéaste. L’image est sublime, un hommage à Sasha et sa famille qui rayonnent. Non seulement le témoignage est rare et précieux, mais en plus le film est remarquable par sa forme, ce qui n’a pas échappé au Festival de Berlin qui l’a sacré Meilleur documentaire ni au Festival de Gand qui l’a doté de son Grand prix. Même sur petit écran, découvrir ce bijou est une chance. Il est essentiel, il invite tout en douceur à mieux comprendre ce qui parfois nous échappe. Ressentir, être en empathie, c’est déjà faire un premier pas vers un monde plus juste et inclusif.

Réalisé par Sébastien Lifshitz. Diffusé sur Arte le 2 décembre 2020 à 20H50 et disponible en replay. Durée : 1H25. FRANCE.

Copyright Arte

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