Délivre-moi du mâle
Dans son court métrage, J’ai vu le visage du diable, la réalisatrice franco-polonaise, Julia Kowalski évoquait le désir homosexuel de son héroïne – persuadée d’être possédée par le diable – et entremêlait savamment naturalisme documentaire et surnaturel. Son second long métrage, Que ma volonté soit faite, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes, s’envisage comme un prolongement de son court. Seulement, ici, Maria Wrobel offre son visage troublant à Nawojka, jeune polonaise qui vit et travaille dans la ferme familiale avec son père et ses deux frères. Rapidement, le film nous apprend que sa mère décédée avait le diable en elle et que Nawojka aurait hérité de cette malédiction. Kowalski abandonne l’aspect exorcisme de son précédent métrage pour suggérer la possession, comme métaphore des troubles du désir fluide qui embrase le corps de la jeune fille, tiraillée entre l’attraction et la répulsion. Alors que la fille de ses voisins, Sandra (Roxane Mesquida, actrice toujours plus audacieuse), femme libre et assumée revient pour vider sa maison après le décès de ses parents, la petite communauté rurale va progressivement révéler son vrai visage… Au contraire, l’héroïne observe son pouvoir s’accroître à son contact. Vieilles rancœurs et monstruosités enfouies dans le patriarcat se réveillent à travers une ambiance très Chiens de paille dans la campagne française. La photographie grise et peu accueillante – voire radicalement austère – des films de l’Est rencontre tout ce que la nature offre de plus organique et visqueux, de la boue au sang, jusqu’au final émancipateur où Nawojka survit à la violence, traversant les routes comme la Carrie de De Palma, enfin délivrée du mâle. Effrayant, fiévreux et mal aimable, Que ma volonté soit faite n’a peur de rien et nous ensorcelle.
Écrit et réalisé par Julia Kowalski. Avec Maria Wrobel, Roxane Mesquida, Jean-Baptiste Durand, Raphaël Tiery… – 1h35 – New Story. En salles le 3 décembre 2025.


