Devenir un homme
Six ans après Let My People Go, “french comédie” qui mettait en scène les déboires d’un jeune homme juif et homosexuel interprété par Nicolas Maury, Mikael Buch revient sur les écrans avec une nouvelle comédie dramatique tout en nuances et poésie sur l’adolescence, la paternité, et les petits tracas de la vie. Deux histoires s’entremêlent : celle de Simon d’abord, trentenaire instable, sur le point de devenir père, qui se bat contre-lui même, et celle de Théodore ensuite, adolescent teigneux élevé seul par sa mère. Élève de Rivka, femme rabbin qui est aussi la compagne de Simon, Théodore apprend son talmud pour préparer sa bar-mitzvah, lui qui veut devenir un homme, un vrai. Mais situation de crise, Théodore fugue. C’est alors Simon qui part à sa recherche, lui dont Rivka doute des capacités à s’occuper d’un enfant. Dans cette course à l’émancipation et la confiance en soi, les questions existentielles les plus essentielles sont débattues par les deux fuyards : l’innocence, la foi, les liens du cœur et ceux du sang, l’expérience, l’ascendance. Peut-être un bémol : la partition musicale, un poil attendue, déjà entendue. Cependant, Simon et Théodore fait partie de ces films délicieux auxquels on pardonne tout tant il séduit par sa délicatesse, esthétique (format 4/3 pour plus d’immersion, plus de proximité avec les personnages), scénaristique (dialogues et situations au cordeau), mais aussi son casting, original, audacieux. Des comédiens remarquables (Nils Othenin-Girard, Mélanie Bernier, Audrey Lamy à contre-emploi) – et en tête, Félix Moati qui interprète Simon, épais, juste, attachant, émouvant. Simon et Théodore, un film sincère au charme irrésistible.
Réalisé par Mikael Buch. Avec Félix Moati, Nils Othenin-Girard, Mélanie Bernier, Audrey Lamy … Durée : 1H24. En salles le 15 novembre. FRANCE